CHIFFRAGE
La proposition du candidat de développer une ville numérique recouvre 4 projets différents :
- la relance des appels à projets Tango et Scan (en réalité financés par la Communauté urbaine de Strasbourg – CUS) ;
- la mise en place d’un accès public au Wifi ;
- la généralisation d’un accès au Très Haut Débit ;
- le lancement de quartiers numériques.
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Fourchette basse
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Fourchette haute
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Relance des appels à projets Tango et Scan
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0,6 M€
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1,2 M€
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Mise en place d’un accès public au Wifi
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0,4 M€
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0,4 M€
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Généralisation du très haut débit
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0,8 M€
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1,1 M€
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Lancement de quartiers numériques
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23 M€
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35 M€
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Total
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24,8 M€
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37,7 M€
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Seuls deux de ces projets auront un coût significatif pour les finances de la Ville : le Très Haut Débit et les quartiers numériques. Toutefois, l’ampleur donnée à ces projets peut être variable en fonction des ambitions du candidat sur cette thématique.
L’estimation médiane du chiffrage, à environ 30 M€, correspondant principalement à des dépenses d’investissement, est à mettre en relation avec les dépenses d’équipement de la ville qui s’élevaient en 2012 à 97,4 M€. Ce coût peut cependant être lissé sur plusieurs années.
Le projet principal concerne la création d’un ou plusieurs quartiers numériques. Selon la priorité donnée à ce projet ou selon la volonté de créer plusieurs quartiers numériques, le coût total pourrait atteindre 35 M€. Il faut noter que la recherche d’une labélisation nationale pourrait constituer un préalable au lancement d’un tel projet.
Les autres projets auront un coût plus mesuré pour la collectivité : 350 000 € pour une dizaine de bornes Wifi, 0,6-1,2 M€ pour la relance des appels à projets « Tango » et « Scan » et 0,8-1,1 M€ pour la généralisation du très haut débit.
Ces projets pourraient bénéficier d’importants cofinancements de la part de l’État, de l’Union européenne, de la CUS et des collectivités locales alsaciennes ; ce qui permettrait d’en limiter le coût pour la ville. Avec cette proposition, la ville entend ainsi installer un environnement numérique à la hauteur de ce qui peut exister dans les autres métropoles françaises.
DÉTAIL
Le candidat prévoit de conforter la place de Strasbourg comme ville innovante en favorisant l’émergence d’un écosystème favorable au développement des usages numériques et des entreprises technologiques créatives. La proposition du candidat comporte plusieurs projets :
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Relancer les appels à projets "Tango" et "Scan" :
Les dispositifs "Tango" et "Scan", créés en 2012, correspondent à des contributions financières versées par la CUS aux entreprises qui réalisent un service innovant, en particulier dans le secteur culturel. Le dispositif "Tango" finance à hauteur de 2000 à 5000 € des projets dont la valeur est au minimum de 4 000 €. Le dispositif "Scan" quant à lui finance des projets dont le coût est d’au moins 20 000 €, dans la limite de 10 000 à 20 000 €.
En 2013, 48 candidats avaient postulé, et 21 avaient été retenus. Le coût des 10 projets "Scan" et des 11 projets "Tango" retenus en 2013 s’était élevé à 220 000 €, dont 20 000 € de cofinancement apporté par la Direccte (État). En 2012, 58 candidats avaient postulé pour 20 dossiers retenus et un financement de la CUS de 200 000 €.
La proposition de relancer les dispositifs "Tango" et "Scan" peut être estimée en fonction, d’une part du nombre de candidats qui seront retenus à chaque sélection, et d’autre part de la fréquence des sélections. La mise en place d’un dispositif pérenne et suffisamment connu, impliquant un appel d’offres annuel, sera donc plus onéreuse qu’un appel d’offres unique lors du mandat. Par ailleurs, le ratio entre le nombre de candidats et le nombre de bénéficiaires retenus, relativement constant, semble plaider pour ne pas accroître l’ampleur du dispositif tel qu’il existe déjà.
Le coût de ce projet, fondé sur un volume de dossiers retenus proche de celui existant les années précédentes (20) serait de 200 000 €. En cas d’appel d’offre annuel, le coût total sur le mandat serait alors de 1, 2 M€ pour la CUS. Un cofinancement de l’État peut être envisagé et permettrait, soit de réduire la participation de la CUS dans ce dispositif, soit d’accroître le nombre de dossiers financés.
Néanmoins, il est également envisageable de tenir compte d’un nombre de projets et de candidats qui reste limité sur le territoire strasbourgeois. Cela peut inciter à réduire l’ampleur de ce dispositif et ne faire d’appel à projet d’une fois tous les deux ans par exemple.
L’estimation du coût pour les dépenses de fonctionnement de la CUS autour cette mesure peut donc être comprise entre 600 000 € et 1, 2 M€ sur le mandat.
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Mettre en place un accès Wifi gratuit :
Le candidat propose de mettre en place un accès wifi gratuit et public dans un certain nombre de places de la ville. Cette mesure a déjà été mise en œuvre dans d’autres villes de France (Bordeaux, Grenoble, Clermont-Ferrand, Arras, etc.) ou d’Europe (projet Digital Cities en Belgique). Le coût de ce projet dépend de plusieurs facteurs : le nombre de lieux publics couverts par l’offre, la capacité d’utilisateurs simultanés sur chaque borne, la durée limitée par utilisateur du service Wifi. Enfin, la ville peut choisir d’installer ses propres infrastructures, ce qui est plus onéreux et ne devient intéressant que si la couverture s’étend à l’ensemble de l’espace public, ou bien faire appel à celles des opérateurs privés. Ce dernier cas de figure semble plus cohérent avec un déploiement rapide mais limité à un nombre de lieux peu importants, autour d’une dizaine. Le coût annuel moyen par borne se monte, dans les villes ayant ces caractéristiques, à 5 000 € environ (6 200 € à Clermont Ferrand, 4 500€ à Grenoble), soit pour une dizaine de bornes, un coût annuel de 50 000 € environ (350 000 € pour le mandat).
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Généraliser l’accès au Très Haut Débit :
La ville de Strasbourg offre des caractéristiques de densité suffisantes pour que les opérateurs privés lancent le déploiement de leur réseau de très haut débit. Néanmoins, le candidat propose de généraliser le très haut débit à l’initiative de la commune. L’intervention de la collectivité dans ce domaine est possible, soit par la création d’un Réseau d’Initiative Publique municipal, soit par une délégation de service public. Dans cette hypothèse, elle pilotera le déploiement de la fibre jusqu’à l’abonné (FTTH), là où les opérateurs privés ne fibrent que jusqu’au palier des habitations (FTTB), le réseau cuivre restant la « boucle finale ».
Le coût d’une telle mesure, qui garantit un très haut débit pour tous les abonnés, est estimé, par l’ARCEP, entre 250 € (raccordement jusqu’au palier) et 400€ (raccordement jusqu’à l’usager) par prise.
La ville comptait au dernier recensement INSEE 2009 près de 271 000 habitants. En 2012, le taux de pénétration (nombre d’abonnement internet fixe haut débit) était de 35 pour 100 habitants, soit pour Strasbourg près de 94 800 prises potentiellement concernées par la mise en place du FTTH. Dès lors que les opérateurs privés vont déployer le FTTB, l’écart du coût à la charge de la ville, soit 150 € par prise, représente pour Strasbourg un coût de 1,4 M€. À cette somme, des dépenses supplémentaires en accompagnement et prestations externes sont à envisager (environ 100 000 €). Des cofinancements sont également possibles en mobilisant des crédits de l’État (Fonds national pour la société numérique/fonds numérique d’aménagement du territoire) pour 33 % à 45 %, de l’Union européenne (FEDER) et des collectivités territoriales (Région et Département). De même, des recettes peuvent être envisagées (droit d’usage).
Cette proposition, dont le coût total dépasserait 1,5 M€, engendrerait une dépense d’investissement qui serait supportable pour la ville grâce au cofinancement avec d’autres partenaires publics. Le coût finalement supporté par la ville serait compris entre 1,1 M€ (projet avec un cofinancement minimal de l’État) et 800 000 € (projet avec 50 % de cofinancements État, UE et collectivités).
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Créer un quartier numérique :
Le candidat a également proposé la mise en place de quartiers numériques. Les quartiers numériques correspondent à la mise en place d’un écosystème économique et urbain favorable aux start-up du numérique (ultra haut débit fixe et mobile, immobilier utile d’au moins 50 000 m², coordination, etc.). Une labélisation serait une étape préalable afin de bénéficier de mesures spécifiques de l’État (modification du droit de l’urbanisme sur les secteurs retenus, cofinancement, etc). Pour les sites labellisés, l’État a prévu une enveloppe de 200 M€ pour 15 projets, soit 13 M€ en moyenne par projet, mais la participation se fera directement au profit des entreprises à travers une participation de la Banque publique d’investissement (BPI) à des sociétés d’exploitation et d’animation.
Le coût pour la ville recouvre alors les dépenses d’infrastructure et d’accompagnement. Ainsi, la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) a lancé une « cité numérique » (lieu de 27 000 m², 650 emplois créés) pour un coût de 35 M€.
A priori, le projet de quartier numérique pourrait s’implanter dans l’opération de requalification urbaine actuellement menée dans le quartier du « Port du Rhin ». L’établissement des principaux lieux d’accueil des acteurs du numérique pourrait se faire sur l’emprise de la friche industrielle Coop ; près de 91 000 m² sont disponibles, mais ne concerneront pas uniquement le numérique, puisque des projets culturels sont prévus. Seuls 40 % des espaces concerneront les activités tertiaires et commerciales, soit 36 400 m². Aussi, le quartier numérique pourrait concerner en définitive entre 18 000 m² et 26 000 m², le reste étant affecté à des activités culturelles.
La ville de Strasbourg pourrait avoir à supporter des coûts similaires au projet bordelais, notamment concernant les coûts complémentaires en équipements immobiliers ou en mobiliers publics, en extension d’infrastructures de communication (Wifi gratuit, FTTH) et en accompagnement du projet qui seront à effectuer.
Le coût estimé d’une telle mesure peut être calculé au prorata du projet bordelais, soit entre 23 M€ pour 18 000 m² et 35 M€ pour 26 000 m².
Une part importante des financements pourraient provenir de la CUS, la Caisse des Dépôts, de l’Union européenne et des collectivités locales.